Pilatus und Andere - Andrzej Wajda

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On dit souvent que le film Pilatus und Andere du réalisateur polonais Andrzej Wajda (1926-2016) fut la première adaptation cinématographique du Maître et Marguerite. Cependant, nous devons contredire cette idée. Deux ans avant, en 1970, le réalisateur finlandais Seppo Nyyrö Wallin (1928-2003), avait déjà réalisé Pilatus, un film basé sur les chapitres bibliques du roman.

Le film Pilatus und Andere, qui raconte aussi seulement l'histoire biblique du Maître et Marguerite - mais dans un cadre contemporain -, a été diffusé par la chaîne de télévision allemande ZDF le 29 mars 1972. À ma connaissance, le film n'a pas été distribué sur DVD ou casette. Il est connu sous encore deux autres titres: Pilat i inni et Ein Film für Karfreitag. Ce film a été montré de nouveau au Festival de Cinéma de Berlin le 15 février 2006, quand le réalisateur Wajda a reçu un Ours d'Or Honoraire.

Sur son site web, Wajda décrit son film comme suit:

Je n'ai pas été satisfait des deux premières versions du scénario que j'a-vais commandé à Varsovie.

Au moment que le roman Mistrz i Malgorzata [Le maître et Marguerite] de Boulgakov était publié en Pologne pour la première fois, j'ai été très heu-reux. Je me suis rendu compte que je ne trouverais pas de meilleur texte pour le film que l'histoire de Pilate. Tout était là: le Christ, l'intrigue sombre de Pilate, la traîtrise de Judas et la solitude désespérée du seul disciple et Évangélisateur.

J'avais prévu des acteurs polonais dans toutes les parties dans le film sauf deux, qui ont été jouées par les allemands. J'avais également choisi l'endroit pour le palais de Pilate. Au départ, ça aurait du être une construc-tion étrange et ruinée sur une colline à Kassel - les fontaines d'un palais construites par les Huguenots exilés de la France; mon instinct, pourtant, me disait que j'avais besoin de quelque chose de contemporain. C'est comment j'ai atterri à Nuremberg, où j'ai vu, pour la première fois, les ruines du Troisième Reich. Cette pseudo-Rome était un cadre idéal pour Pilate, en fournissant un commentaire ironique de l'histoire courte d'un Reich destiné à durer mille ans, dont j'ai vu l'effondrement rapide avec mes propres yeux.

Travailler sur la plate-forme, d'où Hitler avait tenu ses discours pendant les rassemblements de Nuremberg du parti Nazi, était un événement particu-lièrement touchant pour nous. On appartenait à ces nations Slaves qui devaient être détruites afin de rendre possible le Drang nach Osten. Et ici nous étions, tout à fait vivants, sur les ruines du Troisième Reich, en faisant un film! Pendant ces semaines j'ai estimé que j'étais vraiment un homme libre. Je n'ai jamais oublié cette liberté personnelle et créatrice.

J'ai placé la scène de Calvaire à une décharge publique près d'une auto-route entrant à la ville. C'est comment tous les sites de torture doivent avoir été dans le passé, depuis que leur but principal était de faire peur aux gens. Je me souviens bien de deux exécutions publiques pendant l'occu-pation Nazie. Tous les deux sont survenus à l'entrée à la ville, près de grandes usines employant des milliers d'ouvriers qui, sur leur chemin de travaille devaient passer par le gibet sur l'accotement de route.

Dans le film, j'ai montré des touristes qui se sont entassés aux fenêtres de leur car pour regarder une exécution. Mais une autoroute moderne a une logique très propre: les panneaux de signalisation, qui interdisaient les véhicules de s'arrêter, ont résolu le problème moral. Si nous avions cloué un homme à la croix avec les clous réels, leur réaction aurait été la même. Que peut-on faire pour un homme souffrant, comment peut-on l'aider, si le car ne peut pas s'arrêter en tout cas? Je crois que le film a montré la tristesse de l'indifférence et de la solitude de mort.

Pendant le filmage de Pilatus und Andere, Andrzej Lapicki était notre con-seiller, et non seulement par sa connaissance parfaite d'allemand. Je crois qu'il avait le meilleur sentiment du paradoxe historique qui nous a permis de faire un film si étrange en Allemagne.

Tout cela commençait par les costumes. Afranius, l'agent secret de Pilate joué par Lapicki, devait avoir un costume contemporain. J'avais dit à An-drzej de prendre un peu d'argent du bureau de production, d'aller à un magasin et d'acheter quelques vêtements ordinaires. Quelques heures plus tard il venait me montrer ce qu'il avait acheté. J'étais ravi: n'importe qui pouvait voir que le pardessus gris et le chapeau indéfinissable envelop-paient un agent de police secrète. Mon impression a été confirmée très vite; quelques jours plus tard nous avons filmé quelques scènes dans une serre chaude de la ville. Andrzej était assis sur un banc, son pardessus déboutonné, en chauffant lui-même au soleil. Sous sa veste on pourrait voir un étui de revolver et un pistolet. Soudainement, deux ou trois pas-sants se sont approchés de lui: «Il y a quelques Polonais qui font un film à cet endroit». Lapicki disait «Oui, évidemment. Je sais». Ils ont répondu: «vous feriez mieux de les surveiller!».

Le site web d'Andrzej Wajda

Détails techniques

Médias
Non

Réalisateur
Andrzej Wajda

Acteurs
Wojciech Pszoniak, Jan Kreczmar, Marek Perepeczko, Daniel Olbrychski, Andrzej Lapicki, Jerzy Zelnik

Date
1972

Temps
90 minutes (Allemagne)
103 minutes (Pays-Bas)

Langues
Polonais, allemand

Subtitles
Néerlandais



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