Alexandre Alexandrovitch Morozov

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L'œuvre de Boulgakov, et certainement Le maître et Marguerite, n'a pas seulement de disciples, mais aussi des adversaires fanatiques. L'on pourrait comprendre la résistance contre les plans pour un monument à l'Étang du Patriarche qui datent de 2006. La taille du groupe sculptural qui avait été prévu déferait complètement l'apparence idyllique du parc et le centre commercial qui avait été planifié mobiliserait des adversaires dans n'importe quelle ville dans le monde. Le parc est un monument en soi et la restauration de l'environnement serait un hommage plus significatif à Boulgakov que des nouvelles constructions mégalomanes. Mais les actes de vandalisme que la Maison de Boulgakov a subi le 22 décembre 2006 peuvent difficilement être justifiées par une «préoccupation pour le patrimoine culturel». Apparemment il y a un fanatisme religieux à la base. Il y avait, si l'on peut croire les auteurs, des motifs religieux. Cependant, Boulgakov ne peut certainement pas être accusé de déclarations antireligieux. Au contraire: il était outré, par exemple, par la poésie iconoclaste de l'athée militant Demian Bedni et si vous lisez Le maître et la Marguerite avec un esprit ouvert vous pouvez voir que Boulgakov a déploré l'athéisme. Il est même possible que ses premières esquisses pour le roman ont été faites comme une réaction à la propagande anti-religieuse.

L'adversaires le plus fanatique et le plus frappant fût sans aucune doute Alexandre Alexandrovitch Morozov. C'est lui qui a organisé la plupart des démonstrations contre l'œuvre de Boulgakov et il ne l'a même pas nié qu'il a détruit les archives de Maison de Boulgakov le 22 décembre 2006 ensemble avec une poignée de disciples. Morozov s'appelle lui-même le gardien le plus important de du patrimoine culturel en Russie et il est le président de la Fondation pour le salut du monument pour l'histoire et la culture, la Maison de Boulgakov.

Dans tous les bulletins de cet acte de vadalisme de 2006 et dans toutes les commentaires des démonstrations, vous entendrez régulièrement dire que Morozov habitait dans l'immeuble à Bolchaïa Sadovaïa numéro 10. Mais ce n'est pas tout à fait vrai. Morozov n'y a pas habité, il était seulement enregistré à cette adresse. Sa résidence réelle était à Соколиная Гора [Sokolinaïa Gora] ou la Colline des Faucons, un quartier dans la partie de l'est de Moscou, à environ 9 kilomètres de Bolchaïa Sadovaïa. Personne ne sait comment il l'a pu organiser, mais avec sa soi-disant Fondation du bien régional public pour le salut de la Maison de Boulgakov cet ancien agent de police alcoolique avait réussi à obtenir d'abord l'appartement numéro 35 et après l'appartement numéro 6 de Bolchaïa Sadovaïa numéro 10.

Quand l'Union soviétique s'est effondrée Morozov vivait toujours dans son village natal Zagorsk où il avait créé sa Nouvelle École pour la Reprise de Traditions pour les Gens d'affaires russes. Avec ce véhicule il a réuni des adolescents de 9 à 12 ans autour de lui. Ils venaient de familles qui n'ont pas eu de succes et dont les parents étaient contents d'avoir une chose de moins pour s'inquiéter. Selon certaines sources il aurait fait travailler ces enfants pour lui comme un Fagin moderne. Un ancien élève de Morozov a témoigné qu'il y avait 4 groupes de 5 enfants dans l'école et les plus agés de chaque groupe avaient le droit de parler à l'Enseignant. Les enfants s'entendaient bien entre eux, ils avaient assez à manger, mais ils avaient tous peur pour aller chez l'Enseignant. Ils devaient «faire n'importe quoi qu'il souhaitait». Au moins un des enfants a dû subir un traitement de deux ans après son séjour dans l'école de Morozov avant qu'il pourrait parler de ses expériences là-bas. Il n'est jamais venu à un procès, Morozov a fermé son école et a déménagé à la capitale.

À Moscou Morozov a changé son champ d'action de la pédagogie à la vie d'affaires. Les réorganisations au cours des années quatre-vingt et la démocratisation des années quatre-vingt-dix étaient un bouillon de culture idéal pour les spéculateurs et Morozov se concentrait sur les «mauvais appartements» de Bolchaïa Sadovaïa 10. Plutôt que d'enfants, il a commencé à collectionner des appartements en mauvais état. Théoriquement il devait les préserver, mais il n'a rien entrepris pour le faire. Il a cultivé une barbe et avec ses talents oratoires et en faisant appel aux principes orthodoxes chrétiens, il a réussi gagner la confiance de certains co-locataires retraités. Ils ont volontiers accueilli quelqu'un qui prétendait être capable de sauver la culture russe traditionnelle des investisseurs cupides et ils étaient disposés à manifester contre les disciples impies du Maître et Marguerite. Ce qui est assez étonnant, le Sauveur lui-même n'a jamais participé aux démonstrations des mamies. Il observait ce qui est se passait de l'autre côté de la rue et il préférait de rester dans l'ombre.

Mais Morozov a participé activement au vandalisme dans l'appartement numéro 51 le 22 décembre 2006. Il a été identifié comme le chef de la bande mais cela ne pouvait pas le mettre en déséquilibre. Dans une discussion sur la station de radio Эхо Москвы [Ekho Moskvy] ou l'Écho de Moscou le 26 décembre 2006 il a justifié son raid en disant que l'appartement était inhabité et qu'il y avait découvert des marchandises pornographiques et des biens volés.

Plus tard, une enquête judiciaire a été ouverte contre Alexandre Morozov par le Управление по борьбе с экономическими преступлениями [Oupravlenïe po borbe s ekonomitcheskimi prestoupleniami] ou Directorat pour la lutte contre les crimes économiques. Et le département pour l'habitation de la ville de Moscou a décidé d'expulser le Sauveur du patrimoine de ses appartements. Morozov disait qu'il n'était pas impressionné du tout, et il a commencé à chanter dans le choeur de l'église de Taganka. Il ne craint pas que ses anciennes activités avec les enfants et ses pratiques frauduleuses avec sa fondation soient exposées à la publicité. Il dit que les charges contre lui montrent «beaucoup de créativité» et qu'il n'a fait rien de mal.

Nous n'avons plus entendu parler de Morozov depuis un certain temps, mais cela n'empèche pas que d'autres personnes résistent fortement à la présence de la Maison de Boulgakov et du Musée M.A. Boulgakov à Bolchaïa Sadovaïa numéro 10 à Moscou. Le 4 janvier 2017, la réalisatrice russe Anna Iourtaïeva a présenté son documentaire Булгаковщина [Boulgakovichtchina] ou Bulgakovesque, dans lequel elle peint une image des adversaires de Boulgakov, et dont vous pouvez regarder la bande-annonce sur ce site.

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