Ponce Pilate

Le titre du chapitre

En 1998, le groupe rock Pearl Jam de Seattle a enregistré la chanson Pilate, inspirée per ce chapitre.

Judée

Judée est la partie du sud du Palestine, occupée par Rome en 65 BC. Elle était nommée ainsi d’après Juda, le quatrième fils de Jacob. En l’An 6, Judée devint une province romaine, et la résidence du préfet - appelé «procurateur» par Boulgakov - fut installée à Césarée sur la Méditerranée.

Ponce Pilate

Ponce Pilate (?-38) était le cinquième préfet romain de Judée de 26 à 56. Mikhaïl Boulgakov a trouvé des détails de son portrait du procurateur chez David Strauss, déjà mentionné dans le chapitre 1, mais aussi dans le livre Life of Christ du Doyen de la Cathédrale de Cantorbéry, Frederic Farrar (1851-1905), dans le texte Vie de Jésus de l'historien français Ernest Renan (1823-92), dans Le Procurateur de Judée de Jacques Anatole François Thibault (1844-1924), qui a écrit sous le pseudonyme Anatole France, et dans l'Évangile de Nicodème, probablement écrit au quatrième siècle, dont la première partie est intitulée Acta Pilati, ou les Actes de Pilate. Vous pouvez télécharger gratuitement toutes ces œuvres dans les archives de ce site.

Ecce homo par Antonio Ciseri
Ecce Home par Antonio Ciseri

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Hérode le Grand

Hérode le Grand (?75 BC-04), était le roi vassal de Judée. Les Romains l'avaient récompensé pour ses services en le nommant roi. Selon le Nouveau Testament, il avait ordonné le massacre de tous les enfants juifs - le Massacre des Innocents - quand il  apprit  la nouvelle de la naissance du Messie - le futur «roi des Juifs». Une meilleure traduction serait peut-être: «roi des Judéens», puisque c'était pour son influence sur le royaume de Judée plus que sur sa communauté religieuse qu'il fut exécuté.

Le Massacre des Innocents par Pieter Brueghel
Le Massacre des Innocents par Pieter Brueghel

Hérode aimait les bâtiments dans le style romain. C'est visible dans les nombreux palais et d'autres bâtiments qu'il a fait construire à Jérusalem et dans la ville de Caesarea qu'il a créé à la côte méditerrannée. Selon l'histoire de Pilate du maître, Caesaria était la résidence préférée de Pilate.

La douzième légion Foudre

La douzième légion Legio XII était une légion romaine, prélevée par Julius Caesar (100 BC-44 BC) en 58 BC, qui l'a accompagné pendant les guerres gauloises jusqu'à 49 BC. Le logo de la légion était l'image d'une foudre qui lui a donné le nom Fulminata - foudre est fulmen en latin. La légion était aussi connue sous les noms Paterna, Victrix, Antiqua, Certa Constans et Galliena. Boulgakov a trouvé le nom dans le livre L'Antéchrist, une autre œuvre d'Ernest Renan (1823-1892) et a écrit l'annotation «12-й Fulminata» [12ème Fulminata] dans son carnet.

Jérusalem

Dans le texte russe du roman, Boulgakov n'a pas utilisé le mot Иерусалим [Jerusalim], le nom russe habituel de la ville de Jérusalem. Il a préféré ne pas «traduire» en russe les noms araméens ou hébreux des protagonistes et des endroits bibliques, mais de les translittérer. Ainsi, l'on peut lire Иешуа [Yeshoua] pour Jésus, par exemple, et Кириаф [Kiriath] pour Iscariote. Claude Ligny et Marianne Gourg, les traducteurs français, n'ont pas suivi cette philosophie de l'auteur. Ils utilisent le nom de Jérusalem dans leur traduction, bien que Boulgakov utilise le mot Ершалаим [Yerchalaïm], la translittération russe du nom hébreu ירושלים [Yerouchalayim].

Ô Dieux, Dieux...

Le refrain «Ô Dieux, Dieux...» parcourt Le maître et Marguerite comme un leitmotiv. Cette exclamation, qui apparaît dix fois dans le roman, est un emprunt à l'opéra Aïda de Giuseppe Verdi (1813-1901), que Boulgakov connaissait et aimait beaucoup - il l'a aussi cité souvent dans d'autres œuvres.

Écoutez le refrain d'Aïda ici.

Galilée

Galilée est la partie du Nord de la Palestine, verte et fertile, avec sa capitale Tiberias à la Mer de Galilée, aussi connue comme Lac de Tibériade, Lac Kinneret ou Lac de Génésareth.

Le tétrarque

En ce temps, la Galilée était gouvernée par le tétrarque Hérode Antipas (20 BC-30), fils de Hérode le Grand. Dans une tétrarchie le pouvoir était divisé entre quatre individus. Au premier siècle les Romains ont utilisé le titre de tétrarque pour indiquer le gouverneur d'une partie plus petite de leur empire vaste.

Hérode Antipas était rensponsable pour la décapitation de Jean le Baptiste (7BC-29).

Jean le Baptiste par Titien
Jean le Baptiste par Titien

Selon l'Évangile de Luc (25:7-11), Hérode Antipas était à Jérusalem au moment de la crucifixion de Jésus Christ. Ponce Pilate envoya Jésus à Hérode pour qu'il se prononce sur son sort. C'était dans le but de le flatter parce qu'ils avaient été en désaccord l'un avec l'autre. Bien que honoré, Hérode renvoya Jésus à Pilate sans se prononcer.

Ce dernier rendit son jugement tout seul, et se lava les mains pour montrer qu’il se considérait innocent du sang de cette juste personne. Depuis lors, Hérode et Pilate furent de nouveau amis. Luc 23:12 - «Et, ce même jour, Hérode et Pilate devinrent deux amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant».

Le sanhédrin

Le sanhédrin était le plus haut corps législatif et judiciaire juif, dirigé par le grand prêtre du temple à Jérusalem. Les courts de justice plus bas étaient appelés des sanhédrins inférieurs. Le sanhédrin suivait la loi juive sous la supervision des Romains.

Un homme d’environ vingt-sept ans

Selon le Nouveau Testament, Jésus Christ avait environ trente-trois ans quand il est mort. C'est un des nombreux détails dans lesquels Boulgakov dévie de l'histoire biblique traditionnelle. Dans ses annotations pour la troisième version du Maître et Marguerite il a écrit:«33-й год нашей эры. Иешуа мог родиться и в 4-10 году нашей эры (23 года?)» ou «L'an 33 de notre ère. Yeshoua aurait pu être né entre les années 4 et 10 de notre ère (23 ans?)».

Vêtu d’une vieille tunique bleue, usée et déchirée

Dans le texte russe, Boulgakov a décrit un type spécifique de tunique: le хитон [chiton]. Le chiton est un vêtement de la Grèce antique. C'est une tunique de lin au plissé fin, cousue sur les côtés ou tissée sans coutures, cintrée à la taille, portée par les hommes comme par les femmes: elle est courte et sans manches pour les hommes, longue et avec manches pour les femmes.

Le bleu était la couleur préférée des Juifs et a été considéré comme sacré. Boulgakov a trouvé cette description dans Life of Christ de Frederic Farrar (1851-1905): «...at each corner of His dress the fringe and blue riband which the Law enjoins (...) He is in the ordinary dress of His time and country» ou «...à chaque coin de Sa robe la frange et le ruban bleu tel que requis par la loi (...) Il est dans la robe ordinaire de Son temps et de Son pays».

L'araméen

L'araméen est une langue Sémitique de l'ouest que l'on parle aujourd'hui comme première langue dans quelques villages autour de Damas en Syrie et dans d'autres parties du Moyen-Orient.

À l'origine l'araméen était parlé par les Araméens, mais finalement c'est devenu la langue dominante de l'empire persan entier. Donc il était largement répandu partout dans le Moyen-Orient et par conséquent en Palestine. Quelques passages de la Bible sont écrits en araméen et non pas en hébreu et il est très probable que Jésus parlait l'araméen dans ses contacts quotidiens avec les gens. Dans le film La Passion du Christ (2004) du réalisateur Mel Gibson (°1956), la plupart des dialogues étaient en araméen.

Ernest Renan (1823-92) a écrit que «l'idiome propre de Jésus était le dialecte syriaque mêlé d'hébreu qu'on parlait alors en Palestine». Le syriaque était un dialecte de l'araméen.

Aujourd'hui on considère que cette langue est en danger. Après des milliers d'années elle risque de disparaître sous la pression des langues et des cultures dominantes dans ces régions où existent toujours des groupes araméens.

Le temple de Jérusalem

Le temple de Jérusalem a été originalement construit par le Roi Salomon (1000 BC-928 BC) au 10ème siècle BC. Il fut détruit par les envahisseurs babyloniens en 586 BC et reconstruit au 5ème siècle BC. Hérode le Grand l'a rénové, mais le temple fut détruit complètement par Titus en 70.

Le temple de Jérusalem
Le temple de Jérusalem

Mort-aux-Rats

Boulgakov l'appelle Марк Крысобой [Marc Krisovoï]. Крыса [krisa] signifie rat et бой [boï] signifie lutteur. Dans les traductions anglaises il est appelé Muribellum (Glenny, 1967) ou Ratslayer (Pevear et Volokhonsky, 1997). Muribellum signifie Lutteur de souris. C'était un surnom romain pour les soldats peureux et pusillanimes. Muribellum est mis avec une intention ironique, bien sûr, parce que Marcus Mort-aux-rats n'était pas pusillanime du tout.

Au pied d’une statue de bronze

La présence de statues dans la décoration des palais était une caractéristique de la culture hellénistique, et donc familier au romain Pilate, mais pour les Juifs, c'était très inhabituel. Mais Frederic Farrar (1851-1905) a écrit à propos de la présence de portiques sculpturales dans le palais d'Hérode.

Hegemon

Ηγεμών [Igemoon] ou hegemon est grec pour chefgouverneur ou guide.

Yeshoua

Le nom ישוע [Yeshoua] est un nom araméen et signifie Yahvé sauve. הנצרי [Ha-Nozri] signifie de Nazareth, la ville en Galilée où Jésus habitait avant de commencer sa vie publique.

Gamala

Yeshoua ne répond pas Nazareth, son domicile, ni Betléhem, sa ville natale, quand Pilate lui demande d'où il vient. Non, il parle de Gamala, et «tournant la tête à droite, il montre que là-bas, quelque part dans le Nord, il existe une ville appelée Gamala».

Gamala est une ville au nord-est de la ville de Tiberias à la Mer de Galilée, qui n'est pas traditionnellement reliée à la vie de Jésus. Aucun des quatre évangélistes canoniques ne mentionnent ceci, donc pourquoi Boulgakov le ferait-il?

Certains historiens soutiennent l'idée que l'absence de références textuelles à Nazareth dans l'Ancien Testament, le Talmoud et dans l'œuvre de Flavius Josèphe (57-100), suggère qu’il n’y a pas eu, durant la vie de Jésus, l’existence d’une ville appelée Nazareth. Ils pensent que Jésus a vécu à Gamala.

En 1927, l'écrivain français Henri Barbusse (1873-1935) avait soutenu cette idée dans son livre Jésus. Il l'avait écrit parce qu'il avait éprouvé, comme il le disait lui-même, «une forte attraction pour la figure humaine et touchante du prophète juif, fils d’un ouvrier charpentier, qui s’entourait de gens de modeste condition et s’adressait aux humbles». Barbusse ne croyait pas en la divinité de Jésus, il croyait en son amour des hommes. Il rencontrait une tradition longtemps vivace au sein du mouvement ouvrier: celle d’un Jésus révolutionnaire, mis à mort par les puissants de l’époque dont il inquiétait le pouvoir. Lorsqu’il publia dans L’Humanité, pour s’expliquer, un article intitulé Jésus marxiste, pour certains le scandale toucha à l’indignation. Après cela Barbusse a écrit une pièce de théâtre intitulée Jésus contre Dieu qui ne sera jamais jouée.

Gamala était la base de Judas de Galilée qui avait mené une résistance violente contre Rome dans l'année 6 et dont les disciples, les Zélotes, avaient formé un groupe antiromain radical refusant de payer des taxes romaines. Jésus avait recruté ses premiers apôtres dans les environs de Gamala. Il ne peut pas être exclu que parmi ses premiers disciples il y avait des Zélotes, même parmi les apôtres. Jacques et Jean (les fils de Zébédée) étaient appelés les fils du tonnerre, ce qui pourrait faire allusion aux Zélotes. Il est même possible que Pierre était un Zélote. Son surnom Bar-jonas (Matthieu 16,17) pourrait faire allusion aux Zélotes. Bar-jonas signifie fils de Jonas mais aussi hors-la-loi. Dans Luc 6:15 Simon qu'on appelait le zélote est mentionné parmi les disciples les plus proches de Jésus et peut-être André, le frère de Pierre était un Zélote aussi.

Les ruines de Gamala
Les ruines de Gamala

Près de Gamala, à Bethsaida, a eu lieu une des deux multiplications des pains que Jésus Christ aurait réalisé. Il aurait nourri 5.000 adeptes partant de cinq pains et deux poissons. C'était peu de temps après que Jésus avait appris la mort de Jean-Baptiste. La foule était exaltée, comme le décrivait Jean 6:15: «Mais Jésus, sachant qu'on allait venir l'enlever pour le faire roi, se retira à nouveau, seul, dans la montagne». Après le miracle Jésus a renvoyé ses apôtres. Matthieu 14:22: «Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules». Certains érudits supposent que Jésus a renvoyé ses apôtres pour éviter qu'ils soient considérés comme les Zélotes par les autorités. Cette première multiplication des pains à Bethsaïde a été décrite par les quatre évangélistes canoniques. Un second miracle similaire, où un groupe de 4.000 personnes auraient été nourries partant de sept pains et quelques poissons, a seulement été décrit par Marc et Matthieu.

Dans trois des versions antérieures du Maître et Marguerite, Yeshoua a dit qu'il n'était pas de Gamala, mais de Эн-Назира [En-Nazira], «pointant sa main au loin». En-Nazira est la translittération russe de النَّاصِرَة [an-Nāṣira], le nom arabe de Nazareth. Viktor Ivanovich Losev (°1939), le compilateur de Mon pauvre pauvre maître, un livre dans lequel toutes les versions du Maître et Marguerite ont été rassemblées chronologiquement, suggère que Boulgakov a peut-être trouvé le nom En-Nazira dans Life of Christ (1874), un livre de Frédéric Farrar (1851-1905). Mais ni Farrar, ni l'expert biblique Alexander Pavlovitch Lopouchine (1852-1904), qui a traduit Life of Christ en russe en 1887, n'ont mentionné le nom En-Nazira dans leur œuvres.

Boulgakov a peut-être trouvé le nom En-Nazira dans un livre qu'il a utilisé souvent comme source d'inspiration pour Le maître et Marguerite, à savoir le Энциклопедический словарь Брокгауза и Ефрона [Entsiklopedeski slovar Brokhauza i Efrona] ou le Dictionnaire encyclopédique Brockhaus et Efron, une œuvre de 86 volumes, qui peut être considérée comme l'équivalent russe de l'Encyclopaedia Brittanica. Sous le mot-clé Назарет [Nazaret], cette œuvre mentionne également le nom arabe En-Nazira.

Dans l'avant-dernière version du roman, Boulgakov a écrit que Yeshoua venait de Эн-Сарид [En-Sarid], et «tournant la tête à droite, il montre que là-bas, quelque part dans le Nord, il existe une ville appelée En-Sarid». Selon de nombreux philologues russes, En-Sarid signifie également Nazareth, mais je n'ai trouvé aucune source pour confirmer cela. Dans la version finale du Maître et Marguerite, la ville devint alors Gamala, mais Boulgakov n'a vraisemblablement pas eu le temps de faire ce changement partout, car dans le chapitre 26 de la version finale du roman, Yeshoua est toujours décrit comme нищий из Эн-Сарида [nichtchni iz En-Sarida] ou le mendiant d'En-Sarid.

Un syrien

Yeshoua dit: «Je ne me souviens plus de mes parents. On m’a dit que mon père était syrien». Pourtant, les évangélistes canoniques ont écrit que Jésus a connu Marie. Elle était même présente à sa crucifixion. Une fois de plus, Boulgakov diffère significativement des évangélistes canoniques. Selon les évangélistes, Marie aurait conçu Jésus de manière immaculée, sans avoir eu des rapports sexuels avec son fiancé Joseph de Nazareth. Matthieu et Luc ont écrit que Joseph était un descendant du roi David (1040 BC-970 BC) qui, selon la bible hébraïque, était le deuxième roi du Royaume-Uni d'Israël. Joseph était charpentier de profession. Il a été mentionné la dernière fois dans la bible quand Jésus avait 12 ans. Au cours de la vie publique de Jésus, il n’a plus été mentionné, laissant supposer qu’il était déjà décédé.

Selon la bible, Jésus avait aussi des frères et sœurs. Ses quatre frères sont mentionnés par leur nom comme Jacques, Joseph, Simon et Jude, mais ni les noms, ni le nombre de ses sœurs sont mentionnés, sauf dans l'Évangile apocryphe de Philippe, où il est écrit que «sa sœur s'appelait Marie, tout comme sa mère et sa compagne [Marie-Madeleine]». Certains chrétiens qui croient en la virginité perpétuelle de Marie, disent que Jésus n'avait pas de vrais frères et soeurs, mais qu'il s'agit des enfants nés d'un mariage antérieur de Joseph.

Matthieu Lévi

Beaucoup de chrétiens croient que l'évangéliste Matthieu est la même personne que l'apôtre Matthieu, à l'origine appelé Lévi. Il est très douteux que ce soit possible, parce qu'alors Matthieu aurait du être très vieux quand il a écrit son Évangile. Or, la plupart des experts bibliques estiment l'origine des Évangiles comme suit : Marc environ 65; Luc environ 80-85; Matthieu environ 85-90; Jean environ 90-100. D'autres datent les trois premiers un peu plus tôt: Marc un peu après 60; Luc entre 60 et 70 et Matthieu peu de temps après 70.

Dans Le maître et Marguerite, Jésus et Matthieu Lévi se connaissent, mais pas assez longtemps pour parler d'un apôtre. Boulgakov fait clairement allusion à l'évangéliste - Yeshoua dit de lui: «il y en a un qui me suit, qui me suit tout le temps, et qui écrit continuellement, sur du parchemin de bouc».

À propos, Boulgakov ne mentionne jamais les apôtres dans le roman. Afranius a dit: «Voici l’affaire : bien que nous n’ayons pu - du moins jusqu’à présent - lui découvrir de fidèles ou d’adeptes, nous ne pouvons non plus garantir qu’il n’en ait eu aucun». Mais pour le reste ils n'ont aucun rôle, ils ne sont même pas mentionnés. Juste Matthieu Lévi est une ou deux fois appelé «un disciple», bien que ce soit seulement par lui-même : «Je suis Matthieu, ton unique et fidèle disciple». Le Matthieu Lévi de Boulgakov a des caractéristiques des deux: tant l'apôtre que l'évangéliste. Il est collecteur d’impôts, comme l'apôtre Matthieu Lévi et il a mis les actes de Jésus sur parchemin, comme l'évangéliste Matthieu.

La vocation de l'apôtre Matthieu par Jésus était assez controversée. Après un conflit avec les exégètes, Jésus quitte la ville et va au Lac de Tibériade, aussi appelé la Mer de Galilée. Le long de Capharnaüm, une ville près du lac, était une route, la route principale de la Syrie à l'Egypte. Toutes les marchandises entrant dans le territoire d'Herode, étaient taxées au poste de péage de Capharnaüm, c'était une des quatre taxes qui ont dû être payées. Les collecteurs d’impôts recueillaient les péages pour la force occupante et demandaient souvent plus d'argent que nécessaire  et gardaient le reste pour eux. Les gens les détestaient et ils étaient si méprisés que leur argent n'était pas accepté par le juif comme aumône et que leur témoignage n'était pas valable dans les cours de justice juives, parce qu'ils étaient rituellement sales par leurs contacts avec les païens. Matthieu, qui était appelé Lévi par Marc et Luc, était un tel collecteur d’impôts et le fait que Jésus ait appelé cet homme, doit avoir été discutable pour beaucoup de Juifs. Quand Jésus l'appelle, Matthieu quitte son emploi et il laisse sa vieille vie derrière lui et suit Jésus comme son disciple. Ils entrent alors dans la maison de Matthieu et partagent un repas de fête, avec Jésus, ses disciples et beaucoup de collecteurs d’impôts et pécheurs.

L'évangéliste Matthieu décrit la vocation de l'apôtre Matthieu comme suit: 9:9 - «De là étant allé plus loin, Jésus vit un homme assis au lieu des péages, et qui s'appelait Matthieu. Il lui dit : Suis -moi. Cet homme se leva , et le suivit.»

Qu'est-ce que la vérité?

Ceci est une citation de l'interrogatoire de Jésus par Pilate, comme décrit par Jean l'Evangéliste. «Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui» - Jean 18:38.

Béthanie

Le nom Béthanie est le mot hébreu désignant la maison de figues, c'est également le nom d'un village près de Jérusalem que Jésus a traversé pendant son voyage final à Jérusalem.

Les jardins du mont des Oliviers

Le mont des Olives est une colline à l'est de Jérusalem. Au pied de cette colline est situé Gethsémani ou la presse des olives, juste à travers le ruisseau de Kedron. Selon les Évangiles, c'était ici que Christ a été arrêté.

Le mont des Olives
Le mont des Olives

Dismas, Hestas et Bar-Rabbas

Dismas et Hestas étaient les voleurs crucifiés ensemble avec Jésus. Leurs noms ne sont pas cités dans les Évangiles canoniques, mais Boulgakov les a vraisemblablement trouvés dans l'Évangile apocryphe de Nicodemus, dont une partie est connue comme Les actes de Pilate.Bar-Rabbas est le Barabbas de l'Évangile qui a été libéré par Pilate à l'occasion du festin de Pesach.

Le texte complet de l'Évangile apocryphe de Nicodemus est disponible pour téléchargement dans la section Archives sur le site web«Master & Margarita» en cliquant le lien ci-dessous.

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Césarée

La résidence de Pilate était située à Césarée, sur la mer Méditerranée. Césarée est une ville située entre Tel Aviv et Haïfa, souvent appelée Césarée Maritime ou Césarée de Palestine pour la distinguer de Césarée de Philippe, une ville gréco-romaine du nord de la Palestine, près de la frontière avec le Liban, quelque 150 kilomètres à l'intérieur des terres.

Cette distinction est importante, car lorsque Boulgakov a commencé à écrire Le maître et Marguerite, il pensait que la résidence de Pilate était située à Césarée de Philippe. Dans les années qui suivent, cependant, il commence à avoir des doutes, écrivant dans son carnet: «Dans quelle Césarée habitait le procurateur? Pas à Césarée Filippova, mais à Césarée Palestine ou Césarée 'avec la Tour de Straton', au bord de la mer Méditerranée».

Dans la version finale du Maître et Marguerite, Boulgakov a choisi la Césarée avec la Tour de Straton, car il a écrit Кесария Стратонова на Средиземном [Kesaria Stratonova na Sredizemnom] ou Césarée Stratonova sur la Méditerranée. Le traducteur français n'a pas traduit le mot Stratonova. Le traducteur français n'a pas traduit le mot Stratonova. Contrairement à ce que l'on pourrait attendre, Stratonova n'est pas un nom latin. C'est un mot russe qui signifie «de Straton». Initialement, Césarée était une très petite colonie avec une tour, connue en grec sous le nom de Πύργος του Στράτωνος [Pirgos toi Stratonos] ou Tour de Straton, car elle a été construite par Straton I, qui était le roi de la. Cité-État phénicienne de Sidon - aujourd'hui Saïda au Liban de 365 à 352 BC. Tour de Straton est appelée en russe Стратонова Башня [Stratonova bachia], d'où le nom Caesarea Stratonova.

Césarée
Césarée,avec les ruines de la maison de Pilate

Autour de l'an 20 BC, le roi Hérode le Grand (?75 BC-04) a commencé à étendre la colonie, en l'appelant Césarée, en l'honneur de l'empereur romain. Lorsque la Judée est devenue une province romaine en l'an 6, les préfets romains et plus tard les procurateurs ont choisi Césarée comme résidence. Ils ont utilisé le palais d'Hérode comme prétoire. Ponce Pilate fit construire un temple à Césarée en l'honneur de l'empereur Tibère (42BC-37). Dans ce temple, on a trouvé la soi-disant pierre de Pilate, un rocher avec l'inscription «...us Pilatus».

«...us Pilatus»
«...us Pilatus»

Judas de Kerioth

Le Judas de Boulgakov se distingue tout à fait du Judas dans la Bible. Dans le Nouveau Testament, Judas est un des douze apôtres et il connaît Jésus depuis plus longtemps  que juste deux jours. Les apôtres ont accompagné Jésus de Nazareth pendant trois ans. Dans la Bible Judas n'est pas tué, il se suicide, conduit par le repentir et le regret. Après sa mort, il est remplacé dans le groupe de 12 apôtres par Matthias. Boulgakov en a fait un espion, conduit par l'argent et un peu par l'amour aussi.

Il a allumé les flambeaux

Les lumières étaient allumées pour que les témoins dissimulés pour l'accusation puissent voir le visage du criminel. Yeshoua était quelque peu étonné de voir «le procurateur si bien renseigné», comme s'il ne se rendait pas compte qu'il avait été trahi.

Le mont Chauve

Le mont Chauve est l'endroit qui dans les Évangiles est appellé Golgotha - un mot araméen qui signifie l'Endroit des crânes - et où Jésus a été crucifié. Topographiquement la colline de Boulgakov est plus haute que Golgotha et plus loin de la ville. Il y a aussi un mont Chauve près de Kiev, la ville natale de Boulgakov en Ukraine.

Le mont Chauve
Le mont Chauve

Joseph Caïphe

Le sanhédrin n'avait aucune autorité directe pour condamner à mort sauf en cas de la profanation du temple. C'est pourquoi la peine capitale pour Jésus de Nazareth a dû être ratifiée par Pilate. Le sanhédrin était présidé par le grand prêtre. Le Joseph Caïphe historique a été nommé à cette fonction par le prédécesseur de Pilate, Valerius Gratus, en l’an 18.

Christ devant Caïphe par Mattias Stom
Christ devant Caïphe par Mattias Stom

Caïphe s’excusa poliment

Pilate invite Caïphe sur le balcon, afin de s’y abriter de la chaleur accablante, mais «Caïphe s’excusa poliment». Être sous le toit d'un gentil aurait rendu le grand prêtre sale et donc incapable de célébrer le festin.

Parmi elles, nageait Pilate lui-même

C'est peut-être une allusion à la légende selon laquelle Pilate est mort en se noyant.

Les Chevaliers de la Lance D'or

Les Chevaliers de la Lance D'or était un ordre équestre de noblesse romaine. L'ordre était le suivant dans l'importance au Sénat. L'empereur Augustus (63 BC-14) a réformé l'ordre, et après cela, l'ordre a fourni des candidats pour beaucoup de postes administratifs. Le nom Pilate (Pilatus) pourrait venir de pilum, latin pour lance.


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